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Tamanrasset : Les premiers flux de touristes...

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imagePhoto : Fouad S.

Tamanrasset, Djanet, des destinations qui grouillent de monde en cette période automnale vivent dans l’attente des longues processions des touristes européens surtout.

La saison ne fait que commencer, elle s’étale d’octobre à fin avril mais les Tours operators craignent «une année blanche», c’est le président de l’Association des Agences de voyages et de tourisme, M Hamdaoui, le patron de l’agence Takouba, qui donne le ton. Cette hantise est partagée par la plupart, pour ne pas dire la quasi-totalité des 83 agences qui sont en activité dans la région de l’Ahaggar à Tamanrasset. Ils sont relayés par les élus locaux, représentants de la wilaya à l’APN qui ne ratent pas l’occasion de faire part de leurs préoccupations sur le devenir de l’activité et ses répercussions sur les jeunes qui peuvent «verser dans la déviance».
Il y a d’abord, la donne sécuritaire au Sahel qui a découragé les agences étrangères de tourisme, les assureurs européens, français plus particulièrement, qui ont «doublé les primes de couverture», nous dit un opérateur, viennent ensuite les mesures internes de «fermeture de certains sites » et enfin la nouvelle réglementation sur les agences de voyages. Cela dit, rien que pour le 10 octobre, on attendait un premier groupe de 65 touristes venus d’Allemagne, les touristes continuent «à nous faire confiance», souligne fièrement un autre opérateur qui attendait, lui, des arrivées de Mulhouse. Pour M. Tabagou de l’agence Ouedenne et Regagda d’Issarène Voyage, le problème c’est qu’«il est difficile de tenir ses engagements». Il y va de la notoriété de ces agences qui activent depuis des dizaines d’années-1988-exactement pour Issarène- Et comment, s’insurgent-ils, il y a des sites qui viennent d’êtres fermés alors qu’ils «font partie de notre circuit traditionnel arrêté en commun accord avec nos clients».
Pour les responsables du Tourisme, «il s’agit d’une mesure momentanée», le programme des préparatifs d’accueil est suivi à la lettre avec plusieurs institutions. Quant aux textes qui viennent d’être promulgués, cela «résulte d’une incompréhension» sans plus (voir notre entretien ci-contre avec le directeur du Tourisme). Cela étant, la capitale de l’Ahaggar a l’air de sortir son épingle du jeu devant cette paranoïa alarmiste. En ville, nous avons rencontré quelques uns, des italiens, des Français. Certains, à l’instar de ces couples, à la recherche de bons souvenirs, à la Maison de l’artisanat. Il est vrai que l’image du touriste débarquant à vélo, traînant son sac de couchage est aujourd’hui, «un lointain souvenir». Faire un circuit à travers plusieurs pays «n’est pas du tout facile aujourd’hui», explique un gérant d’hôtel qui, plein de courtoisie, répliquait à une Philippine et à un groupe de Chinois que «c’était complet». Ces derniers venaient non pas pour un circuit touristique mais pour rejoindre leur entreprise au chantier de transfert d’eau d’In Salah à Tamanrasset.
«Les touristes aiment le Grand Sud algérien, l’Ahaggar et le Tassili encore plus», nous résume un Italien de Florence. Cela fait «trente ans que je viens ici», ajoute t-il dans un français pas du tout incorrect. Alors si le lien ombilical n’est pas vraiment coupé, pourquoi cette triste mine ? De plus, en sus de 83 agences agréées, on apprend que 23 autres sont en cours d’agrément par la direction du tourisme. Enfin au plan des infrastructures de nouveaux investissements par des professionnels sont aussi programmés. Le métier connaît des hauts et des bas, «ce n’est pas facile nous faisons du porte à porte», s’indignent les professionnels, une manière d’appeler les autorités à plus de souplesse.
3558 ARRIVÉES À TAMANRASSET, LES PREMIERS MOIS DE 2010
Si l’on se fie aux chiffres, «il y a une continuité en matière de flux touristiques depuis 1999 à ce jour», disent les responsables de la direction du Tourisme, ici à Tamanrasset. Et pour cause, on parle de 26.110 passagers qui ont transité par la frontière en 2009. C’est un chiffre brut, car il y a les touristes, les transitaires et les travailleurs. La distinction est de mise. En tout cas, les agences de tourisme, à elles seules ont assuré des séjours et des circuits pour 7850 dont 5200 touristes français suivis de 420 allemands, 845 italiens et 320 suisses. Pour l’année 2010, les 50 % sont déjà atteints puisque on compte 3558 arrivées à Tamanrasset, selon la direction du Tourisme. Un cadre chargé du développement de l’activité touristique est catégorique, «il n’y a pas lieu de s’alarmer malgré la campagne médiatique outre Méditerranée, les touristes savent discerner. Il y a une panique qui va du Golfe d’Aden à l’Atlantique» et puis «le Sahel est loin», ajoute t-il. Ils (les touristes) sont conscients que les enlèvements de 2003, sont dus à «l’imprudence de gens qui n’ont pas respecté les consignes». Probablement des faux, ceux qui ne sont là que pour «le trafic d’objets culturels». Et puis le passage par des professionnels, les agences, est indispensable sur le plan de la sécurité. Il permet aux touristes de «mieux connaître et apprécier les trésors de ce vaste territoire, les us et coutumes de ses populations», poursuit notre interlocuteur. Pour ceux qui connaissent bien les aléas du désert, rien ne vaut l’apport d’un guide chevronné. Il est plus efficace qu’un instrument tel le GPS (localisation par satellite). Ce responsable nous rappelle la prouesse de Bennounou, un guide, qui a pu remonter les traces du fils de Margareth Thatcher (premier ministre britannique) et «le retrouver sain et sauf grâce à la couleur du sable….».
N’empêche, malgré la richesse des sites à découvrir, tel l’Assekrem, inévitable halte pour les pèlerins, la plupart des 15 campings sont vides, en ce mois d’octobre, si l’on exclut la maison de jeunes qui a accueilli, pour trois jours, les hôtes de la conférence internationale sur les énergies renouvelables. Cette «oisiveté» n’a pas encouragé les agences à faire le plein en étant moins mercantilistes. La sortie est facturée en 4x4 à 10.000 DA. Ce n’est pas à la portée de nos concitoyens. Des invités au salon ont quand-même osé faire le sacrifice en cotisant pour le site le plus proche. Ce sera tout de même «trois heures de pistes minimum car les dernières pluies ont défoncé l’itinéraire», nous dit un responsable d’agence. Au retour, une Française racontait, émerveillée, sa sortie sur l’Assekrem, « la vue imprenable du coucher du soleil », le thé au petit matin et sa rencontre avec le père Edouard….
Mais c’est une goutte de sable dans le vaste désert. En attendant des jours meilleurs, la plupart des camps sont vides. Au pied d’Adrien, la montage à la fente dans le parler targui, au Caravansérail , à la Zériba en passant par le Feity, le Youf Ahakit ( des noms targuis ) ou encore le Gîte saharien, c’est le silence, le vide …
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